L’hystérosalpingographie.🤔 Ce mot barbare, vous le connaissez déjà peut-être si vous avez entamé les démarches pour entrer en PMA. Et pour cause, c’est un des examens phares du bilan de fertilité. Il permet notamment de repérer d’éventuelles anomalies (des trompes bouchées ou un fibrome de l’utérus par exemple) qui expliqueraient que vos essais bébé s’éternisent. L’hystéro, comme je l’ai longtemps surnommée, est un moment « quasi indolore » dixit les médecins. 🤐Dans la vraie vie, c’était… légèrement différent ! Au programme de ce témoignage d’hystérosalpingographie : engueulade au-dessus de mes jambes écartées, ambiance surréaliste et violences gynécologiques. Mais promis, ça va bien se passer ! 😁
Sommaire
Petit rappel : mais à quoi sert l’hystérosalpingographie ?
L’hystérosalpingographie, ou hystéro pour les intimes, est un examen de base dans le bilan de fertilité imposé par les centres AMP (Assistance médicale à la procréation). Si vous souhaitez passer par la PMA (Procréation médicalement assistée) pour avoir un bébé, vous n’y couperez pas.
🤓L’hystéro est une radiographie qui permet de visualiser l’utérus et les trompes de Fallope. Un produit de contraste est injecté dans la cavité utérine via une sonde. Il va alors se diffuser et tapisser les parois de l’utérus et des trompes qui seront ainsi visibles sur les clichés grâce aux propriétés radio-opaques de l’iode.
Son objectif premier est d’éliminer toute cause d’infertilité liée aux trompes de Fallope. En gros, sont-elles bien perméables ? Ne sont-elles pas bouchées ? N’y a-t-il pas d’adhérence qui expliquerait l’absence d’un joli + sur vos tests de grossesse ? Elle permet aussi de mieux visualiser la cavité utérine qu’avec l’échographie. C’est pourquoi elle est toujours proposée en complément de celle-ci.
Comment se passe une hystérosalpingographie (en théorie) ?
Tout d’abord, sortez votre calendrier📆 car cet examen se réalise uniquement dans la première partie du cycle menstruel : dans les 10 jours après le début de vos règles exactement. La raison ? S’assurer qu’aucune grossesse n’est en cours. Une fois l’hystéro calée dans votre agenda, vous devrez passer en pharmacie récupérer le produit de contraste et le Spasfon soigneusement ajouté à votre ordonnance. Puis c’est l’attente !
Le grand jour arrive et vous voilà partie pour le centre d’imagerie ou la clinique. Votre médecin vous aura peut-être recommandé de vous faire accompagner. ☝Mon conseil ? Faites-vous accompagner. Si l’examen « quasi indolore » n’est pas si « quasi indolore » que ça, vous serez très heureuse d’avoir quelqu’un qui va prendre le volant et vous ramener à la maison.
▶ Étape 1 : petit passage au vestiaire pour vous dévêtir. Le manipulateur ou la manipulatrice vous indiquera quels vêtements retirer. Spoiler : attendez-vous à enlever le bas.🙊 N’oubliez pas d’aller aux toilettes pour plus de confort, car l’examen dure une bonne trentaine de minutes.
▶ Étape 2 : le manipulateur ou la manipulatrice vous installe sur le dos ou en position gynécologique sur la table d’examen. Le radiologue va poser un spéculum et introduire une sonde dans la cavité utérine. Le produit de contraste est ensuite injecté lentement.💉
▶ Étape 3 : plusieurs clichés sont réalisés dans différentes positions afin de suivre la progression du produit de contraste dans l’utérus et dans les trompes. Le médecin vous demandera de ne plus bouger et de bloquer votre respiration.
▶ Étape 4 : la sonde est retirée. Vous vous rhabillez et patientez en salle d’attente jusqu’à l’obtention des résultats. ⌛Pensez à prendre une protection féminine ou une culotte menstruelle, un écoulement du produit peut arriver.
Vu comme ça, ça a l’air aussi facile à vivre qu’une échographie ou un simple frottis ! Easy quoi !
Comment ça s’est passé (en vrai) : mon témoignage d’hystérosalpingographie
Je me présente à la clinique, ordonnance dans une main, produit de contraste dans l’autre, estomac noué et appréhension en tête. 😰J’ai lu des témoignages sur le web : si certaines clament haut et fort n’avoir rien senti, d’autres (bien plus nombreuses) décrivent une souffrance insupportable. En cet instant, je voudrais être n’importe où, mais pas dans cette salle d’attente aux murs orange vieillis et dont l’odeur caractéristique des hôpitaux m’écœure. Mon Cher et Tendre me tient la main. Je vais y arriver, on va l’avoir notre bébé, mais pour ça, il faut en passer par là. 💪
La manipulatrice est très gentille. Elle me demande si je vais bien. Bien entendu, je réagis comme tout adulte digne et fier : je fonds en larmes. Elle me rassure. L’examen est un peu douloureux, oui, mais pas plus que des règles. Entre deux hoquets, je hoche la tête et la suis dans la salle de radiologie.
Elle m’installe. Je stresse à mort, tendue comme une arbalète. Je sais que je dois me détendre, mais impossible, les enjeux sont trop importants, la situation est trop anxiogène.
La radiologue arrive, sourcils froncés, la cinquantaine bien tassée. Elle ne me regarde même pas, me dit à peine bonjour et s’assoit devant mes jambes grandes ouvertes. J’ai connu des plans Q plus polis que ça…
Sans préavis (ni demande de consentement), elle insère son doigt pour la pose du spéculum. Aouch, c’est bien la première fois que j’ai autant mal pour si peu. Je sens que ça va mal se passer, je me crispe encore davantage. Et forcément, le spéculum me fait mal, vraiment mal. Souffle Charlotte ! Détends-toi, nom d’un chien !🧘♀️
Pour des raisons médicales évidentes, avant d’introduire quoi que ce soit dans ma cavité utérine, il est d’usage de stériliser le vagin. Je vois mon boucher empoigner d’une main de fer la bouteille jaune de Bétadine. 🙅♀️Halte-là, ma bonne dame, je suis allergique ! Les sourcils touffus se froncent encore davantage. Elle se tourne vers la manipulatrice et aboie « Allez me chercher du *** (autre médicament dont je ne me souviens plus le nom). Madame (geste vague de la main dans ma direction) est allergique (mais quelle relou celle-là !). »
La manipulatrice sort de la pièce. Moment de flottement. Gênance ultime. Silence de mort. La radiologue continue de fixer mon entrejambe sans un mot.👀
La manipulatrice revient, Dieu merci.
« Il n’y a plus de ***, j’ai pris du ***2 (autre médicament). »
Le médecin se tourne vers elle. S’en suit un dialogue digne des vaudevilles les plus drôles. Il ne manque plus que Louis de Funès dans le rôle du docteur pour que ça soit parfait.
Radiologue : mais bien sûr que si, il y a du *** ! Je viens de vous dire que Madame était allergique, on ne peut donc pas lui mettre du *** 2 !
Haussement de sourcils jusqu’aux plafonds. Éclats de rire du public. Qu’elle est bête cette manipulatrice !
Manipulatrice bornée : non, il n’y en a pas, je suis allée vérifier.
Radiologue méga vénère : bien sûr que si, on en a commandé ! Allez en chercher !
Le ton monte de plus en plus. Chacune crache son venin. Et il y a moi… Allongée à moitié à poil, les jambes écartées. 🤸♀️Alors ça, je ne l’avais pas vu venir…
J’interviens. Je viens de remarquer que la manipulatrice tient du Dakin (je crois qu’elle envisageait sérieusement d’en asperger la radiologue pour l’aveugler ou l’immoler au choix💀). « Ça, je supporte, mettez-moi ça qu’on en finisse (bordel de merde). »
Comme je m’en doutais, les gestes du médecin sont brusques, douloureux. Personne ne me parle, la pièce est saturée d’électricité.⚡L’espèce de sonde qu’elle insère est énorme et me fait un mal de chien. J’ai une envie irrépressible de pousser pour l’expulser. Je sens le liquide qui passe dans mes trompes. Quasi indolore ? Mon cul, ouais ! 😑
Les clichés sont pris dans un silence de mort, entrecoupé par des « ne bougez pas » secs et sévères. Au secours, ça ne se finit donc jamais ?!
« On voit une trompe. L’autre, pas en entier ». Voici les seuls mots que daignera me dire le médecin avant de retirer sonde et spéculum, et de m’abandonner dans la pièce. La manipulatrice m’aidera à me relever et à marcher jusqu’au vestiaire. Je n’ai qu’une envie : sortir au plus vite. Je ne comprends même pas le verdict, mais je suppose que le docteur m’expliquera tout ça dans quelques minutes.🤷♀️
Je retrouve mon compagnon dans la salle d’attente. J’ai mal. Nous patientons plus d’une vingtaine de minutes. J’angoisse. Est-ce que tout va bien ? Est-ce que mes trompes sont bouchées ? Est-ce que je vais réussir à avoir un bébé naturellement ou la PMA est-elle notre seul recours ? La secrétaire médicale m’appelle, me tend les clichés. Merci, au revoir. Euh whaaaat ??? Mais personne ne m’explique ? 😟Elle jette un œil au compte-rendu et me dit que ça semble plutôt pas mal. Au moins, une des trompes est perméable. Bon, OK. Merci pour ce moment.👍
Il me faudra quelques semaines pour rire de cette situation épique. Quelques autres pour me rendre compte de la violence gynécologique que j’ai subie.
Épilogue : parce qu’une hystérosalpingographie peut AUSSI bien se passer !
Lorsque je me suis pointée chez mon médecin avec mes clichés et mon compte-rendu, j’avais les boules. Et quand il m’a demandé comment s’était déroulé l’examen, je n’ai pas pu résister à déballer la souffrance que j’avais ressentie et l’absence de bienveillance (d’humanité ?) de la radiologue. Il a jeté un œil à la signature et pendant un millième de seconde, il n’a pas réussi à cacher une petite grimace. « Vous n’êtes pas la première qui est passée entre les mains du docteur *** à me dire ça ». Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a rassuré. Je n’étais pas une chochotte et ce qui m’était arrivé n’était pas normal.🙏
Au final, après moult péripéties, j’ai dû passer à nouveau par la case hystéro. Le diagnostic initial était trop imprécis : soit la trompe est bouchée, soit elle ne l’est pas.
Je suis donc allée voir un spécialiste recommandé par mon docteur. La douleur était toujours là (après tout, ce n’est jamais très agréable de se faire aspirer le col de l’utérus pour pouvoir y passer un cathéter), mais c’était totalement gérable. 😊D’ailleurs, j’ai appris que la sonde lors du premier examen n’était plus utilisée depuis belle lurette, remplacée par une autre technique plus douce. Mais surtout, ce qui a tout changé, c’est l’accompagnement bienveillant, l’écoute, les demandes de consentement, le dialogue ininterrompu pendant tout l’examen.💛 Je me suis sentie soutenue et encouragée. Et au fait, mes deux trompes sont parfaites…🖕
❌ Et un petit disclaimer pour terminer : rassurez-vous, tous les médecins ne sont pas des bouchers, indélicats et impolis ! J’ai eu la malchance de tomber sur l’un d’eux, mais ça ne sera pas votre cas. Demandez impérativement des noms à votre docteur, parlez-en autour de vous, écumez les forums pour dénicher des spécialistes bienveillants. 🐝Et si vous êtes sur Grenoble (38) et environs, contactez-moi : je connais le nom d’une personne à éviter formellement et celui d’un professionnel à l’écoute et doux !