Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré les fins d’années.
Le mois de décembre signifiait, pour l’enfant que j’étais, l’arrivée de l’hiver et de son froid glacial ❄️, le retour des gros pulls doux et chauds, les plaids moelleux posés sur le canapé et les dimanches emmitouflés à enchaîner les dessins animés.
Décembre, c’était aussi la perspective de mon anniversaire et de mes copines qui débarquaient à la maison pour qu’on le célèbre comme il se devait.🎂
Mais décembre c’était aussi et surtout Noël…
Noël, un plaisir d’enfant
Je chérissais cette fête de toute mon âme. Je l’attendais impatiemment et la préparais consciencieusement. Je collectais les catalogues, les feuilletais, entourais, découpais et collais mes coups de cœur sur des pages. J’en faisais de longues lettres que mes parents étaient ensuite chargés de transmettre au Père Noël.🎅
Le réveillon venu, je ne tenais pas en place. Moi qui détestais aller au lit, jamais je n’étais aussi pressée d’aller me coucher. « Il est quelle heure maman ? », « je suis fatiguée, il doit être tard ! ». Une fois sous la couette, je tournais et tournais encore, beaucoup trop excitée pour espérer trouver le sommeil.
Le lendemain, mes cadeaux seraient là, trônant sous le beau sapin que l’on avait soigneusement décoré avec ma mère et ma sœur.🤩
J’ai conscience aujourd’hui que j’étais chanceuse : les cadeaux en question correspondaient toujours à ce que j’avais choisi, imaginé et tant espéré.
Noël, la famille avant tout
Les années ont passé et j’ai grandi. Je devrais même dire vieilli. La famille s’est agrandie, la table de Noël aussi. Bien sûr, on y trouvait toujours des enfants surexcités d’être bientôt gâtés mais je n’en faisais plus partie.
Pour moi pourtant, l’effervescence est longtemps demeurée. Plus pour la longue attente du Père Noël ou les cadeaux qu’il me réservait, mais pour ce que cette fête signifiait : nous étions tous ensemble. Grands-parents, parents, oncles et tantes, enfants. 🥰Noël était l’occasion de passer du temps les uns avec les autres. De mettre, l’espace d’un instant, nos problèmes de côté pour profiter. Et ça me comblait.
Aujourd’hui, mes Noël n’ont plus la même saveur : le seul cadeau que j’espère chaque année n’arrive jamais.
Noël, ce déchirement
Un jour que nous nous promenions sur le marché de Noël avec celui qui deviendrait plus tard mon mari, je suis tombée sous le charme d’une magnifique boule en verre peinte à la main. Dessus, les mots suivants étaient gravés : “Mon premier Noël”.
À l’époque, nous étions, depuis peu, en essai bébé. Grisée par la joie et profondément optimiste, j’avais vu cette jolie boule comme un signe et je l’avais achetée : « Peut-être sera-t-elle accrochée sur notre sapin l’année prochaine ? ».😊
C’était il y a 7 ans… Et la boule est toujours dans sa boîte. Chaque année, lorsque je sors les décorations de Noël, je l’aperçois. Alors que mon cœur se serre et que ma gorge se noue, je referme le carton comme pour recouvrir ma peine.
Une fois encore, Noël approche, et, de nouveau, cette sensation terrible va refaire surface. Bien sûr, elle ne me quitte pas le reste de l’année. Elle reste là, tapie dans l’ombre, presque muette, tant je lutte pour ne pas la laisser surgir : « il ne faut pas y penser », « ça devient une obsession », « plus tu ressasseras et plus ce sera compliqué »… Chaque jour, je prends sur moi pour avancer, pour vivre ma vie intensément, tout en sentant, dans un petit coin de mon corps et de mon cœur, cette absence qui me tenaille.
À Noël, je la laisse, malgré moi, prendre le dessus. Est-ce le souvenir des moments heureux de mon enfance ? La famille réunie sous mes yeux ? La présence de ces enfants que j’aime plus que tout mais qui ne sont pas les miens ? C’est probablement tout cela. 🤷♀️Mais c’est surtout le constat déchirant que ma boule de Noël n’est toujours pas sur le sapin ; qu’une année supplémentaire s’est écoulée sans qu’un bébé n’ait pointé le bout de son nez dans ma vie.
Pas de nausées matinales, pas de seins gonflés ni de fatigue soudaine inexpliquée, aucun test de grossesse positif et pas de ventre arrondi. Le néant dans mon corps, la sécheresse dans mon cœur.
Le prochain Noël sera encore un Noël sans toi.
Le temps passe et plus j’y pense. Comment vais-je réagir cette année ? Comment vais-je supporter ? Que vais-je bien pouvoir faire ?
Ce que je fais toujours : paraître. Je vais me pomponner, sourire, observer tendrement mes neveux déballer leurs cadeaux, trinquer avec les êtres qui me sont chers et me régaler des bonnes choses qui seront sur la table. Mais le cœur n’y sera pas. Il n’y est plus jamais. 😞Et personne ne s’en rendra compte. À l’exception de mon mari, bien sûr. Il donnera le change, mais il souffrira autant que moi. Il culpabilisera aussi. Parce que lui et moi, on ressentira de la jalousie vis-à-vis des gens que l’on aime. Vous savez, ceux qui ont eu cette chance que l’on n’a pas. On sera jaloux et on détestera ça. Mais ce sera plus fort que nous. On le désire du plus profond de nos êtres cet enfant, on s’est tellement projetés. On est prêts. En boucle dans nos têtes, derrière une joie de façade que l’on maîtrise à la perfection, une seule question, résonnera comme un refrain : pourquoi n’avons nous pas droit au bonheur de devenir parents ?
Noël, mon espoir
Pourtant, pour lui, pour nous, je refuse de baisser les bras. La douleur nous accompagne mais ensemble, on est forts.💪
Une fois encore, mon ventre sera vide d’enfant mais plein d’espoir.
J’aurais pu la jeter cette boule de Noël, mais elle était mon signe. J’ai la conviction qu’elle ornera un jour notre sapin. Lors d’un Noël où j’aurai reçu le plus beau des cadeaux, ce premier Noël qui sera le tien.🤍
Article rédigé par Mélanie Truffaut – De la robe à la plume (sous l’œil impitoyable de votre humble serviteur : aka moi, Charlotte ! 😋)