Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine a lancé une offensive militaire, avec ce qui semble être un ultime objectif : rayer l’Ukraine de la carte. La guerre a commencé et l’inquiétude a gagné toute l’Europe. Les femmes qui rêvent de devenir mamans ne sont pas en reste. Tout comme la pandémie a pu mettre un frein à nos essais bébé, l’invasion russe nous fait nous interroger sur l’incertitude de l’avenir. Une généralisation du conflit n’est pas encore pour aujourd’hui, mais nous sommes nombreuses à nous questionner. 😩Est-ce vraiment le moment idéal pour faire un enfant ? Alors que le vieux continent voit ressurgir ses peurs les plus viscérales, la terreur d’un dictateur envahisseur en quête d’une puissance passée ? Éléments de réponse.
⚠ Disclaimer : cet article n’a pas vocation à être politique. Le conflit ukraino-russe est très complexe et mes connaissances sur ses tenants et aboutissants sont minimes. Je n’irais donc pas me frotter à une analyse poussée de la situation actuelle.
Sommaire
Avoir un bébé en temps de guerre : des faits, rien que des faits !
Commençons par le commencement et soyons aussi rationnels au possible… S’imaginer enceinte pendant la guerre, et a fortiori accoucher, puis élever son enfant durant un conflit peut donner des nœuds à l’estomac. Alors, certes, vous allez me dire, cela se passe à plus de 3 000 km de la France.
Je ne vous le cache pas. Moi, la première, alors que mon fils n’a que 5 mois, quand je vois les images de la maternité bombardée de Marioupol, j’en ai les poils tout dressés. Et je ne peux m’empêcher de le serrer fort, fort, fort dans mes bras comme si je pouvais le protéger de l’atrocité du monde.💙J’ai peur. Peur que la Russie se la joue 39-45. Peur que la menace nucléaire devienne réelle. Peur d’une troisième guerre mondiale. Peur pour mon bébé. Peur pour la sécurité de ceux que j’aime et la mienne.
Mais si nous essayions de prendre un maximum de recul pour analyser les faits ? Avoir un bébé pendant une guerre : qu’est-ce que cela signifie concrètement ? 🧐
Près de 1 enfant sur 5 vit dans une zone touchée par un conflit armé à n’importe quel moment, depuis plus de 20 ans (1). Le monde ne s’est jamais arrêté de faire la guerre. Mais il ne s’est jamais arrêté de faire des enfants non plus.
Les expériences de guerre vécues comme traumatisantes pour une mère auraient des répercussions sur le développement de son enfant, et ce, même in utero. Une étude parue en mai 2021 (2) indique que le fœtus considère les hormones de stress dégagées par sa maman comme des informations prédictives sur le monde extérieur. En d’autres termes, il « sent » que quelque chose, ici au-dehors, fait peur et est dangereux.
☝Je vous rassure tout de suite, on parle là de grand stress lié à l’exposition d’événements traumatisants (graves tempêtes naturelles, exodes, bombardements, etc.). Le fait d’être anxieuse au travail ou dans votre vie quotidienne, ici en France par exemple, n’aura pas du tout la même portée.
Une autre étude publiée en 2010 (3) met également en exergue que les femmes enceintes ayant vécu ce type de traumatismes sont plus à risque de souffrir d’une dépression post-partum et la relation entre elles et leur nouveau-né peut particulièrement se détériorer. Quant aux effets délétères de la guerre sur le développement des enfants (en particulier lorsqu’ils sont témoins des violences), ils ont été maintes et maintes fois documentés. Les résultats qui en ressortent sont sans appel : le stress post-traumatique est omniprésent avec ses conséquences sur les plans cognitif, moteur et socio-émotionnel. (4)
Enfin, last but not least, une lumière dans ce tableau noir… Une étude (5) a aussi démontré qu’en l’absence d’une détérioration de la santé mentale de la mère pendant la grossesse, la relation entre elle et son enfant se renforce et permet au petit de se développer normalement. Les scientifiques expliquent cela par le fait que « les mères exposées aux traumatismes peuvent intensifier leurs efforts pour maintenir une interaction protectrice et aimante avec leurs nourrissons vulnérables. » C’est donc en protégeant les mères que l’on peut protéger les enfants des conséquences de la guerre.🙏
Et le cœur dans tout ça ?
Tout ça, c’est bien beau, mais ça donne plus envie de mettre un frein à vos essais bébé ou appeler votre centre AMP pour tout arrêter que de faire des enfants. Mais au fond, tout au fond, dans vos tripes, vous le sentez, vous le savez. Votre ventre rêve d’héberger un petit haricot pour 9 mois, vos bras de bercer un bébé, votre cœur d’accueillir un bout de chou.
Et qu’on se le dise, de tout temps et malgré toutes les menaces qui ont pesé sur l’humanité, la natalité n’a jamais flanché. 💪Elle a bien sûr affiché des baisses, mais les Hommes ont continué à avoir des enfants envers et contre tout. Pendant la Seconde Guerre mondiale par exemple, la natalité s’est écroulée avant le fameux baby-boom que l’on connait bien. Mais cela s’explique aisément par le très faible taux de nuptialité (en d’autres termes, le nombre de mariages !) et les mouvements humains (exodes). (6)
Doit-on mettre en pause ce rêve d’enfanter qui nous est si cher ? Pas vraiment. Bien sûr, il ne s’agit pas de remettre en cause la réalité, si terrible soit-elle. Mais elle ne doit pas vous stopper. Alors, comment s’imaginer élever un enfant dans ces circonstances si sombres ? La réponse peut paraître superficielle… En leur apprenant l’espoir, en leur donnant confiance en l’avenir.💚
C’est le propre de tout être vivant que d’avancer sans savoir ce qui va se passer par la suite. Et c’est de cette manière que nous pouvons montrer à nos enfants que le positif peut l’emporter dans ce monde si mouvant, que cela vaut la peine de grandir et d’exister. Le pessimisme est contagieux (encore plus que le variant Omicron du Covid🦠). Il faut donc aider nos fils et filles à trouver leurs propres ressources pour faire vaincre l’optimisme. C’est en travaillant en priorité sur nous-mêmes que nous pouvons y arriver. Les petits s’émerveillent déjà de tout. C’est nous qui avons perdu cette capacité extraordinaire de découvrir et de profiter de la beauté du quotidien, de rêver et de laisser libre cours à notre créativité. Et nous les freinons, inconsciemment ou non.
Il faut se rappeler que l’humanité a toujours été confrontée à des changements et qu’elle a toujours su les affronter. L’action est le maître mot. L’action est salvatrice face à l’angoisse, encore plus quand elle rapproche les gens ou quand elle se relie à la puissance de la nature. L’action permet de revenir à l’essentiel, à ce qui importe vraiment au fond. Elle permet de construire le monde de demain, un monde que l’on souhaite plus beau et plus bienveillant pour nos enfants.
Alors, OUI, continuez à faire l’amour, continuez à vous chérir, continuez à espérer votre + ! 🥰Et ne laissez personne vous dire le contraire ou vous faire douter.
PS : Si vous en ressentez le besoin, je pourrai rédiger un article avec quelques conseils pour se protéger de l’actualité anxiogène. 🐝Dites-moi si cela vous intéresse dans les commentaires !
🤓Sources :
- https://resourcecentre.savethechildren.net/document/stop-war-children-protecting-children-21st-century-conflict/
- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0163638321000072
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/labs/pmc/articles/PMC3501144/
- https://www.nature.com/articles/1300814
- https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/temps-de-guerre-la-sante-mentale-maternelle-et-celle-du-nourrisson_161953
- https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1945_num_54_294_12903
- https://harris-interactive.fr/opinion_polls/le-regard-des-franc%CC%A7ais-sur-la-guerre-entre-la-russie-et-lukraine/